Les Voies d’ERIS #1 Mohammed Alemour, l’amoureux de la culture
- Malika Aboubaker Ali
- 6 nov.
- 3 min de lecture
Récits ordinaires de vies extraordinaires
“Mon nom est Mohammed Alemour. J’ai 58 ans, je viens de Palestine, de Gaza où j'étais chef du département de la faculté de droit à l’université Al-Aqsa.”

Rédactrice : Margaux, 21 ans
Mohammed est actuellement étudiant à ERIS et occupe aussi la place de doyen du haut de ses 58 ans ! Lorsqu’il commence à parler, ce sont des dizaines d’anecdotes qui viennent animer la vie de l’association. Alors évidemment, quand on lui demande de faire son portrait, il ne fait pas de déçu.
Margaux : "Si tu devais te présenter, qu’est-ce que tu me dirais ?"
Mohammed : “Je suis né en Palestine. J’ai fait des études de droit et des études d’arabe. Une fois diplômé, j’ai commencé à travailler au Niger en 1995, à l’université de Say où j’ai été professeur d’arabe pour les non-natifs durant 8 ans. Puis à partir de 2000, quand j’ai obtenu mon doctorat, je suis devenu professeur-chercheur et j’ai effectué 18 travaux de recherches dont 4 ont été publiés en livres. Ces ouvrages sont des travaux sur le droit de la famille, les principes de législation, l’histoire du pouvoir judiciaire et de l’arbitrage ainsi que sur la démocratie islamique “Shura”. Tu devrais les lire ! Le droit familial c’était ma spécialité, je publiais des vidéos d’explication sur Youtube. Et puis, là-bas, j’ai épousé Zeinab et nous avons eu 2 fils. Quand ils étaient petits, ils faisaient beaucoup de bêtises.”
Margaux : Ensuite, tu as travaillé à l’université d’Al-Aqsa à Gaza. Qu’est-ce que tu y enseignais ?
Mohammed : “Je suis rentré à Gaza en 2003 et j'ai intégré l'université d’Al-Aqsa. J’organisais des conférences sur le droit international humanitaire avec la Croix Rouge où j'abordais les droits de différentes composantes de la communauté locale, des maires jusqu’aux dirigeants syndicaux en passant par les mukhtars (chefs de tribus, de clans).
A l’université, les enseignants-chercheurs ne prennent pas de retraites comme en France. C’est normal, il faut du temps pour se spécialiser, prendre de l’expérience et de la maturité ! À quoi ça sert de partir à la retraite alors que c’est à cet âge qu’on est vraiment en capacité d’apprendre aux autres ?”
Margaux : "Et tes fils, ils aiment faire des études ?"
Mohammed : “Mon premier fils, Younis, a 24 ans. Il a fait son master à la Sorbonne à Paris et maintenant il réalise sa sixième année de Médecine en Afrique du Sud. Il fait partie du syndicat étudiant de son université. Je suis très fier de lui.
Le deuxième s’appelle Abdallah, il est inscrit en première dans un lycée catholique. Ensuite, il va faire des études parce que c’est essentiel quand on est jeune de faire réfléchir son
cerveau !
Margaux : "Ta femme a aussi une vie incroyable ?"
Mohammed : "Ma femme est très très très intelligente. A Gaza, elle était coordinatrice pédagogique au Centre Culturel Français. Elle aussi, elle aime étudier, alors une fois arrivée en France, elle a démarré un doctorat en didactique du FLE et du FLS. Elle parle déja français car elle est née au Niger.
Le weekend, on adore visiter et découvrir Lyon : les musées, le quartier de Confluence, la basilique de Fourvière, la Croix Rousse. On aime apprendre et s'enrichir de ce qui nous entoure.”
Margaux : "Qu'est-ce que tu vas vouloir faire en France quand tu parleras bien français ?"
Mohammed : “Mon objectif c'est de nouveau enseigner le droit ou l’arabe ici en France.”
Margaux : "Alors comment as-tu connu ERIS ?"
Mohammed : “Quand j’ai dit à mes amis que je voulais apprendre le français, ils m’ont dit que l'association serait parfaite pour moi. Tu connais Ramez ? Il était étudiant à ERIS avant moi, il travaillait aussi à l’université d’Al-Aqsa ! On se connaît très bien, on passe beaucoup de temps ensemble ici. “
Margaux : "Et, est-ce que tu te plais à ERIS ?"
Mohammed : “J’aime beaucoup être ici, l’équipe dégage une merveilleuse énergie positive.”
Margaux : "Ça te plaît de cuisiner ?"
Mohammed “Oh je n’ai qu’une chose à dire : Ce n’est pas à moi de décider si je cuisine bien, c’est à celui qui goûte.”
Margaux : "Dernière question, après je ne t'embête plus, quel est ton mot français préféré ?"
“Le français est une langue aux mots merveilleux qui exprime l’appréciation et le respect. C’est une langue sophistiquée. Pour apprendre une langue, il faut pratiquer. Il faut s’acharner pour la parler à la perfection.”
Merci à Mohammed d'avoir accepté de partager un bout de son histoire !
À votre avis, qui fera l'objet du prochain portrait ? Bénévole, étudiant ?
N'hésitez pas à envoyer vos idées à l’adresse communication@eris-association.com !



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